Mais que font donc ces deux drôles de dames dans la rue avec leurs instruments d’écoute souterraine ?
Et que disent-t-elles aux mauvaises herbes qui surgissent du bitume ? Sont-elles botanistes ? Exploratrices ? Sourcières ?
Dans tous les cas, elles ont l’art de trouver la faille pour faire émerger un paysage insoupçonné, à la fois miniature et grandiose !
La Faille est une performance végétale et musicale, un oasis de verdure qui jaillit là où on ne l’attend pas.
Note d’intention
Dans l’environnement urbain, la nature est maîtrisée et organisée en jardins, en parcs, en allées. Les espaces verts sont traversés et entourés d’asphalte noir, les arbres sont plantés dans des espaces délimités par des pavés…
La ville se développe sur sa croûte de goudron, omniprésente, tout à la fois rassurante, et étouffante.
Des plantes sauvages, dites mauvaises herbes, arrivent pourtant à pousser ici ou là sur les trottoirs, il leur suffit d’un peu de terre et d’eau, entre deux pavés, d’une brèche dans le bitume, d’une fissure sur un mur, d’une faille dans la maîtrise.
De cette vulnérabilité naît l’inattendu, la beauté, la poésie d’une nature résiliente.
Une réalité qui renvoie plus largement aux problématiques environnementales et au rapport de l‘homme avec la nature.
On peut y voir aussi une référence symbolique aux champs des possibles, la liberté, l’ouverture, le pas de coté.
Jeu et personnages
Bloom et Peel semblent sorties d’une oeuvre de Tati ou de Tolkien, à la fois burlesques et fantastiques. Elles ne s’expriment que par onomatopées, connaissent le chant de l’eau et de la terre et le langage des oiseaux.
Avec leurs carnets de botaniste, leurs instruments de "sourcellerie" pour repérer la vie sous la croute de goudron, leur train de cageots remplis de trésors végétaux, elles sillonnent la ville, à l’affut des failles.
Lorsqu’elles en repèrent une, un rituel organique commence : leurs gestes et leurs sons accompagnent l’émergence d’un paysage énigmatique, qui se révèle petit à petit, comme un microcosme vivant et imaginaire.
Leurs costumes, à première vue neutres, s’harmonisent avec les matières naturelles, jusqu’à leur permettre de se fondre dans le paysage.
Une Installation végétale éphémère créée en direct
Pour créer ce paysage, Delphine Sekulak a collecté des matériaux naturels : terre, eau, mousse, écorce, souche, pierre, branche et autres végétaux… donnant aussi naissance à des espèces végétales imaginaires.
Le processus de création en direct installe un moment suspendu, entre surprise et magie, rappelant des souvenirs d’enfance aux plus anciens et des jeux de construction aux plus jeunes.
A la fin de la performance, le paysage miniature reste en place, laissant au spectateur la possibilité de l’observer en détail et de raconter ce qu’il a vécu.
Cette proximité avec le public fait partie intégrante de la performance.
Un instrumentarium créé sur mesure
Pour faire vivre le paysage, Laure Chailloux a créé et joue sur un instrumentarium qui s’intègre peu à peu dans l’installation : bol taôiste chinois en cuivre qui fait vibrer l’eau, tuile en terre, en métal, en écorce, appeau en bois, de flûte hulusi en bambou et calebasse..., les sonorités sont multiples et non conventionnelles, comme sortis de la matière elle-même.
Équipe artistique
Conception et interprétation : Laure Chailloux et Delphine Sekulak
Collaboration artistique : Domi Giroud
Partenaires et coproducteurs
Production : Métalu A Chahuter
Co-production : Réseau Asso Métro
Dans le cadre des Fenêtres qui parlent 2022
Accueil en création à l’Espace CAR - ASBL Maison Culturelle d’Ath, avec le soutien de la Ville d’Ath
Production agréée par le Département du Pas-de-Calais, dans le cadre du dispositif de l’aide à la diffusion culturelle