Avant-propos
Ce spectacle a été créé pour le Musée du Louvre-Lens autour de l’exposition « Carte blanche aux musées de la région, 30 ans d‘acquisition en Nord-Pas-de-Calais ». Il explore l’interaction entre un territoire, le bassin minier, un artiste, Augustin Lesage, et un instrument, l’accordéon : Augustin Lesage, né à Burbure dans le bassin minier, débute sa vie comme mineur, au temps de l’intense activité industrielle et charbonnière du XIXᵉ siècle. C’est aussi la grande époque de l’accordéon, surnommé « le piano du pauvre », qui accompagne la vie quotidienne des mineurs et des ouvriers. Devenu peintre autodidacte, Lesage s’inscrit dans le courant de l’art brut : une pratique libre et mystique qui s’affranchie des codes esthétiques établis et des institutions artistiques. Ainsi se tisse une complicité populaire entre un territoire, un instrument et un artiste.
Note d’intention
Le choix de Lesage de nommer plusieurs toiles « sans titre » invite chacun et chacune à projeter librement ses propres images, souvenirs et émotions. Une liberté que Laure Chailloux amplifie ici par la transposition d’une vision picturale en partition musicale, laissant au public le temps de plonger dans la toile et ses détails et de développer son propre imaginaire. Annoncée comme une conférence avec la présence exceptionnelle d’une toile de Lesage, le spectacle « Sans-titre soufflé » emmène le public dans une situation décalée avec un personnage inattendu et fantasque. La mise en scène permet d’aborder la vie et la personnalité d’Augustin Lesage dans un rapport interactif avec une gardienne de salle de musée, qui n’a pas de connaissances du monde de l’art mais une sensibilité et une certaine lucidité humaine. Jouant sur le mélange d’éléments vrais et imaginaires, réels et fantastiques, le public choisira d’y croire ou non, mais il est certain qu’il y devinera plusieurs tableaux en un seul…
Synopsis
Une gardienne de musée se confie sur le rapport particulier qu’elle a avec la toile de Augustin Lesage : Sans Titre. Elle n’arrivait pas à trouver les mots pour la décrire, mais la ressentait très fort. Alors elle s’est dit qu’elle aussi, elle pouvait trouver un moyen de s’exprimer, avec quelque chose qui fait déjà parti de son histoire : l’accordéon de son grand père, lui aussi mineur. C’est comme cela qu’elle a commencé à jouer de son accordéon en regardant la toile. Et ses doigts se sont mis à jouer avec automatisme, comme si l’accordéon jouait avec la toile. Bien sûr elle n’a rien dit à personne, personne ne la croirait, on la prendrait pour une folle, elle aussi. Elle a continué à gardienner la même salle, mais le soir, en pensant à cette toile qui l’obsède, l’accordéon ne jouait pas toujours la même musique… Elle s’est alors aperçue que l’accordéon jouait aussi les différentes interprétations qu’elle entendait du public. S’en suivent plusieurs exemples de prise de partie d’interprétations de différents personnages, avec leurs traductions/illustrations sonores à l’accordéon diatonique.